A gun story

Posted: April 27, 2018 by Clémentine

Récit de Gus, “le Yéti” : Une histoire de grosses vagues, de planche perdue en mer et retrouvée un mois plus tard. 

Hiver 2016, je rachète au chargeur basque espagnol Adur Letamendia le gun qu’il s’était fait faire lors de sa qualification pour l’étape à Pico Alto (Pérou) du Big Wave World Tour. Il m’explique que Twiggy Baker lui même a demandé à avoir cette planche dans son quiver pour la première étape du BWWT à Nazaré. Finalement, il ne la surfera pas, préférant des shapes plus récents et différents au niveau des rails. Un « Gun » magique, qui a déjà une histoire. En partant de l’usine, le gun sous le bras, j’ai les poils qui se hérissent, rien qu’en imaginant les vagues que cette planche a déjà chevauchées et ce qu’elle est capable de surfer.

Février 2018. Un gros swell hivernal vient réveiller la côte basque endormie par l’hiver. Il fait exceptionnellement chaud pour la saison, et les vagues en se brisant créent une brume épaisse. On ne peut distinguer le large. Des lignes rentrent pourtant sans cesse et bouchent l’horizon. Les surfeurs avertis des conditions météo savent ce qui les attend au large. Certains frémissent, d’autres s’excitent à l’idée de surfer quelques vagues incroyables.

C’est dans ce contexte que notre équipée qui se prépare d’année en année pour surfer des vagues toujours plus grosses, charge ses guns dans un bateau direction le large. En quittant le port, personne ne sait exactement ce qui nous attend. La brume, le vent quasiment nul mêlé au soleil fait peser une atmosphère orangée autour de nous. Entre beau et inquiétant. Dans le bateau, l’ambiance est bonne, tout le monde sait ce qu’il a à faire en cas de “pépin”. A notre arrivée et comme à l’accoutumée nous sous estimons la taille des vagues et nous sommes quelques peu déçus. Nous nous jetons tout de même à l’eau. Voici pourtant l’une des séries qui a balayé le line up ce jour là.

 

La session se passe incroyablement bien, les vagues s’enchaînent, tout le monde est prêt physiquement, a le sourire aux lèvres et s’engage toujours un peu plus. En remontant au peak, je lance à Patxi: “j’hésite à repartir au bateau, je commence à fatiguer… Je vais quand même en prendre une dernière”. C’est à ce moment là qu’une série décale. Je passe par dessus la première, et pour la seconde, alors que je suis en train de remonter dans la vague, je m’aperçois que je ne vais peut être pas avoir le temps de passer par dessus cette crête qui frise déjà. Dans le doute, par soucis de sécurité, mais aussi par fatigue ou par flemme, j’arrête de ramer, je pousse ma planche vers le haut de la vague et je plonge. Lorsque je remonte à la surface, je n’ai plus de planche. Tout le monde est en train de reprendre ses esprits après le set. Jimmy essaiera d’aller la chercher plus bas, mais personne ne la voit (même sur le bateau) et ne la verra plus. Je suis écœuré, mon leash neuf, n’a même pas tiré et cassé directement à un endroit où ce n’est pas sensé céder. Je repars au bateau où les autres me rejoindrons rapidement. Lorsque nous revenons au port, je suis heureux de ces vagues partagées entre potes dans cet endroit magnifique, mais un sentiment de tristesse m’envahi également d’avoir perdu cette planche. En tentant de l’apercevoir depuis la côte avant que la nuit ne tombe, en vain, je demande à Missyfruit de poster une annonce sur les réseau sociaux.

Quelques temps plus tard, début Avril, lors d’une réunion professionnelle, je m’assois à côté d’un partenaire, qui n’est autre que l’un des premiers surfeurs de l’endroit dont je suis originaire et où j’ai appris à surfer. Je reviens à ce moment là d’un voyage et je prévois de reposter l’annonce sur les réseaux (je sais, je suis optimiste). A tout hasard, je lui montre une photo de mon gun perdu. Celui-ci me dit qu’un pote à lui a trouvé deux planches récemment, dont l’une est détruite et l’autre en bon état. Il ne les a pas vues et n’est pas certain que ce sont des guns. Le lendemain soir, il me rappelle: il est certain à 99% d’être devant ma planche. Seulement son pote lui dit qu’il a vu une annonce et que c’est une femme qui réclame la planche! L’annonce de Missyfruit ! La planche a passé plus d’un mois dans l’océan, est remontée vers le nord et quelqu’un l’a retrouvée…
Il me ramène la planche le Vendredi. Elle a quelques petits éclats et un gros « pet » au nose, hormis ça, elle est en bon état… INCROYABLE!!!

Un gros swell, exceptionnel pour la saison s’annonce déjà pour la semaine suivante. C’est certain, ce sera la dernière occasion de surfer des grosses vagues cet hiver. Je n’ai pas le temps de poncer la réparation encore fraîche, que mon gun est dans la voiture direction le port. A notre arrivée, nous sommes déçu (à nouveau) et sous estimons (à nouveau) la taille des vagues. Comme à l’accoutumée, nous prenons rapidement un “set” sur la tête et le leash que l’on m’a prêté casse au niveau du scratch… Je n’avais jamais vu cela avant! Heureusement, cette fois-ci, je récupère facilement ma planche. Je le prend comme un signe; “reprends là où tu t’étais arrêté la dernière fois”. Les vagues, le soleil et la chaleur dans un cadre magnifique, ravissent tout le monde. En rentrant au port, je ne peux m’empêcher de repenser à cette histoire de planche, je réalise tout juste que je viens de retrouver mon gun magique!

Gus sur une vague durant ce dernier swell, après avoir retrouvé le gun | Photo : Céline Cotinat

Instagram de la photographe : @tumorapa

Vidéo : Riraw Prod @rirawprod

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