Destination peu touristique, plus connue par chez nous pour son café, ses narcotrafiquants et sa dangerosité que pour ses plages de sable fin et son eau translucide : c’est donc avec un peu d’appréhension que j’ai préparé mon sac, et potassé les maigres informations de l’un des seuls guides sur le pays…
L’arrivée à Bogota fut calme. C’est en prenant un autre vol, pour relier Bogota à Barranquilla, une ville située sur la côte Caraïbes, que la réalité colombienne m’est apparue. Rues défoncées, ânes surchargés, habitations de fortune. Tout cela contrastait énormément avec ce que j’avais vu de Bogota et ce que j’avais pu lire dans ce guide… Et c’est bien ce terme qui me suivra tout au long de mon périple, et qui vous sautera au visage si vous visitez cet incroyable pays qu’est la Colombie : contraste.
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Le pays
La Colombie est un pays vaste et très diversifié : région caribéenne, andine, pacifique ou encore de l’amazone, la Colombie revêt plusieurs visages. Sa population aussi est très variée, de par le métissage engendré par la colonisation espagnole et les populations africaines déportées comme esclaves avec les populations autochtones.
Les contrastes sont aussi sociaux, avec une proximité étonnante de la pauvreté et de la richesse, et des villes aux multiples facettes : centres anciens, bidonvilles et barres de buildings façon Miami cohabitent à quelques mètres de distance et sont le propre des villes que j’ai pu visiter.
Plus aride que je ne le pensais, la zone caribéenne est superbe, avec ses plages bordées de cocotiers balayés par les vents, et son sable fin, noir ou blanc et sa forêt luxuriante au pied de montagnes enneigées.
Certaines zones, comme El Salgar près de Barranquilla, sont d’anciens lieux touristiques, aujourd’hui désertés. Le petit village qui borde la plage est modeste, et contraste avec les grandes demeures abandonnées qui surplombent la côte, autrefois propriétés des narcotrafiquants.
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La population
Les colombiens sont particulièrement accueillants. A la fois étonnés et ravis de voir des touristes dans leur pays, la plupart des locaux rencontrés se sont montrés extrêmement gentils et généreux. A la différence de pays où le tourisme de masse est déjà implanté, la Colombie garde son identité propre, et il est aisé d’établir de vraies relations avec les locaux. Histoire, culture, gastronomie, ils aiment transmettre leurs connaissances sur le pays, et m’ont orientée vers les lieux sûrs et incontournables de la côte caraïbes.
Ce pays dont on dit qu’il est peuplé des plus belles femmes du monde, n’est pourtant pas aussi machiste que l’idée que je m’en faisais au départ. Les femmes sont certes très belles, mais jouent aussi un rôle important dans la société colombienne. On voit aussi bien des femmes tenir de petits magasins, que des femmes d’affaires (dans les plus grandes villes). Libres d’évoluer où elles le veulent, elles sont aussi libres de se marier avec un homme qu’elles aiment. Dans une société qui fut immergée dans la religion catholique depuis le XVème siècle, les mœurs remises en question chez nous y sont plutôt bien acceptées : mariage homosexuel, différence d’âge importante dans un couple, concubinage, etc.
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Le surf
Venons en au thème central : et le surf dans tout ça? Disons que surfer en Colombie représente un défi en soi. Peu connue pour cette activité à travers le monde, la côte caraïbe colombienne regorge pourtant de spots propices au surf. Souvent exposée aux vents (comme la plupart des zones de la région caribéenne), la côte est une succession de beachbreaks puissants, rappelant les Landes, et qui captent très bien la houle.
Grâce aux quelques surfeurs locaux, j’ai pu découvrir d’autres spots abritant des pics droite-gauche qui déroulent davantage et laissent la possibilité d’effectuer quelques manœuvres, comme Los Naranjos. Le surf se pratique en maillot de bain tout au long de l’année, l’eau avoisinant les 28°C, et la surpopulation à l’eau n’est pas le problème ! Vous surferez peut-être en compagnie d’une tortue ou de poissons, et rencontrerez peut-être Joel, Alduil ou Catalina à l’eau (ou un crocodile si vous êtes malchanceux), quelques locaux de la région.
En effet, la population de surfeurs colombiens s’élève tout au plus à une centaine de pratiquants. Ils font revivre aux surfeurs-consommateurs que nous sommes les belles années du surf (que nous n’avons pas beaucoup eu le temps de connaitre), basées sur le partage et la découverte. Toutefois, emportez votre matériel, et n’espérez pas acheter une planche sur place, les surf-shops étant quasiment inexistants, et très chers. Le transport de vos précieuses planches se fera sur les toits des petits taxis jaunes qui peuplent les routes de Colombie. Pensez à prendre des sangles, ou priez pour que les cordes élimées qui maintiennent vos planches tiennent le coup lors du trajet !
Les surfeuses sont bien présentes à l’eau, et si vous passez à El Salgar ou Casa Grande, vous rencontrerez quelques filles, très heureuses de partager votre session.
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Se déplacer
La Colombie avec ses 1 141 748 km2 est un pays immense. Doté d’infrastructures routières en parfait état dans les grandes villes, ces dernières sont plus aléatoires dans l’arrière-pays et sur la côte caribéenne. Les bus sont nombreux et permettent de se déplacer aisément. Les employés des compagnies locales font tout pour vous convaincre de monter dans leur bus, et c’est un voyage plein de surprises qui vous attend si vous cédez. Sièges tout moelleux et défoncés, décorations du sol au plafond à coup d’affiches et de franges colorées, champeta ou cumbia en fond sonore.
Voyager en bus est le meilleur moyen d’aller à la rencontre des locaux : écoliers en uniforme, grands-pères au visage buriné par le soleil et le vent, jeunes mamans et leurs bébés, producteurs de café et marchands ambulants en tout genre sont un petit aperçu des personnes à côté de qui vous vous assiérez.
Ne soyez pas pressés en revanche, car même si les bus roulent à folle allure, il leur faut bien 3h pour parcourir 120 kms. Les nombreux stops dans les villages et les « pauses empañada » du chauffeur expliquent beaucoup. Les négociations du chauffeur avec la police sont aussi fréquentes, lorsque ce dernier transporte “des marchandises non déclarées”, et les pots de vin sont exposés aux yeux de tous. Impensable en France !
Le taxi est un autre moyen de se déplacer. Nombreux et peu chers, les chauffeurs travaillent 12h d’affilée, et jouent du klaxon toutes les 2 minutes, doublant tantôt à droite tantôt à gauche, et freinant au dernier moment. Un voyage à la place du mort est mieux qu’un tour de Space Mountain !
Enfin, vous pouvez toujours louer une voiture, mais cette option est souvent déconseillée, car le risque de se faire braquer le véhicule et son contenu est élevé.
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La gastronomie
Fruits frais, riz parfumé à la noix de coco, poulet ou poisson grillé, salades et jus pressés sont les ingrédients d’un repas sur la côte caraïbe. De Carthagène jusqu’à Riohacha en passant par Barranquilla, la spécialité locale est « el arroz con coco », un riz délicieusement parfumé à la noix de coco, qui accompagne du poisson frais grillé ou du poulet, ou simplement une salade d’avocats.Papaye, ananas, maracujas, tomates jaunes, chaque petit restaurant de l’arrière-pays possède ses arbres fruitiers, desquels ils se fourni pour préparer des plats aussi simples que savoureux. Au petit déjeuner demandez à Donde Quinni, dont le petit restaurant se trouve au bord de la route en face de la plage de Casa Grande, de vous préparer des « huevos revueltos con arepas y ensalada de avocados ». Autrement dit, des œufs brouillés, servis avec deux galettes de blé (les fameuses arepas), et des avocats. Le tout accompagné bien évidemment, d’un café. Un délice !
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En bref
La Colombie est un voyage au vrai sens du terme : peu d’infrastructures touristiques, un dépaysement total, des rencontres humaines inoubliables et une aventure à chaque coin de rue. On ressent toujours une certaine tension lorsque l’on se retrouve dans les villes, seul dans un bus … ou qu’on lit le journal local !
Surfer est une petite expédition selon les endroits où l’on se trouve, faute de prévisions/connexion à internet/surfshops/moyens de transports, mais on vit un vrai “surf trip” et on fait de vraies rencontres. Les vagues sont accessibles pour celles que j’ai pu découvrir, mais il faut tout de même une bonne connaissance de l’océan pour se repérer, se mettre à l’eau, etc.
Une belle expérience qu’il me tarde de renouveler!
Les surfeuses locales ont récemment créé un groupe Facebook pour diffuser leurs actus : https://www.facebook.com/surfgirlscolombia/?fref=ts
Le photographe Thomas Canel, ami talentueux et auteur de toutes les photos du reportage : http://www.thomascanel.com/
Ambiance sonore locale : Cumbia sobre el mar – Quantic
3 Comments
olala les photos sont dingues 🙂 Bel article Missyfruit !
Hey hey merci! 🙂
Que buenas fotos!! 🙂