Faire de sa passion son métier, c’est le rêve de tout un chacun. Plus que les autres sportives de haut niveau, les surfeuses professionnelles incarnent une vie rêvée, ponctuée de voyages sur des plages superbes, d’eau chaude, de journées en maillot de bain, de rencontres et de découvertes.
Mais est-ce encore un rêve? En effet, à part les “stars”, telles Stéphanie Gilmore, Carissa Moore ou Tyler Wright, le surf professionnel est devenu un milieu où il est compliqué d’évoluer en toute sérénité. Manque de budget, gestion de l’emploi du temps délicate et dépenses annexes à leur charge, nombreuses sont les surfeuses professionnelles qui doivent s’improviser gestionnaires en plus de leurs entraînements quotidiens. Lorsque le sponsor principal fait défaut ou que le budget alloué est maigre, les surfeuses font face à un véritable casse-tête chinois pour joindre les deux bouts, et se rendre aux quatre coins du globe.
Un exemple type de cette situation n’est autre que Johanne Defay que nous avons interviewée il y a peu. Désormais membre de l’élite du surf féminin, elle n’a toujours pas de sponsor principal pour la soutenir dans sa démarche. Locations de voitures, d’appartement, achat de matériel, coaching, tout ces éléments qui sont nécessaires à une bonne préparation et la poursuite de sa carrière de sportive de haut niveau sont à sa charge. Pourtant, elles ne sont que 17 surfeuses à former le gratin de la discipline, issues de pays différents : Australie, France, US, Nouvelle-Zélande… Difficile de penser qu’il n’y a pas d’aide possible pour elles, quand bien même les marques rencontrent des difficultés économiques sur chaque continent. Une stratégie sans doute choisie pour de bonnes raisons, mais qui n’est peut-être pas la meilleure façon de démontrer son soutien au surf féminin … qui remporte pourtant de plus en plus de succès. Rebecca Woods avait déjà poussé un coup de gueule à ce sujet, elle qui suivait le Tour tout en étant lifeguard entre les compétitions pour gagner sa vie, faute de sponsor. Toutefois (et ce n’est pas rassurant), les filles ne sont pas les seules dans ce cas, puisque plusieurs surfeurs du WCT sont aussi “sponsorless”, comme Raoni Monteiro ou Dion Atkinson.
Quant aux surfeuses moins connues, ou qui évoluent en longboard (discipline moins médiatisée, je ne parle même pas des bodyboardeuses, inconnues au bataillon), le chemin est d’autant plus complexe. C’est le cas de Coline Ménard ou Victoria Vergara, qui, après une sélection aux Championnats du Monde de longboard qui se dérouleront à Hainan en Chine du 5 au 12 décembre prochains, se voient dans l’obligation de faire appel au Crowfunding pour réaliser leur rêve. Une démarche qu’on soutient ou non, mais qui met bien en évidence les failles du surf business.
Evidemment, les secteurs qui manquent de budget sont nombreux, et le surf n’est pas le domaine le plus urgent, loin de là. Il est cependant dommage de voir que les personnes orientées vers des carrières sportives se retrouvent sans soutient, après des années de sacrifices et de bons résultats. Même si la crise sévit, le surfwear rapporte gros, et cela en partie grâce aux surfeuses et surfeurs qui “vendent du rêve”. Alors pourquoi ne pas les laissez continuer ?
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Je suis tellement d'accord avec toi ! Elles font vendre des bikinis mais n'ont pas le retour en soutien sportif derrière… C'est malheureux !