Parce que derrière chaque planche sortie d’un atelier de shape local il y a une histoire, nous avons eu envie de vous raconter celle de Wildcat Surfboards. Vous avez peut-être déjà entendu ce nom ou vu ce logo quelque part, celui d’un crâne de chat avec la mention “Handcrafted in Guéthary”, derrière lequel se cache Jawel, la femme qui fabrique jour après jour des planches au son des déferlantes de Parlementia. Rencontre avec cette shapeuse, surfeuse et entrepreneuse, une personnalité à part entière qui illustre bien la nouvelle énergie impulsée par les femmes dans le surf.
Bonjour Jawel, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Hello, je m’appelle Jawel et je me suis installée à Guéthary, il y a tout juste 7 ans. A l’origine, je viens de l’escalade et du snowboard. J’ai vécu 3 ans à Grenoble, 2 ans aux Deux Alpes et sept années à Chamonix. Je travaillais comme vendeuse/skiman pour payer le loyer et dès que je le pouvais, j’étais sur une planche ou sur une falaise. Bien qu’étant née au centre de la France et dans un environnement aux antipodes de la glisse, j’ai toujours ressenti que la vie, c’est bien plus que de gagner beaucoup d’argent ou d’avoir un mari qui gagne beaucoup d’argent. En tant que femme, j’ai pendant longtemps eu du mal à accepter mon genre. J’étais et je le suis encore, un garçon manqué! Je ne partage pas les codes sociétaux de ma génération : « Sois belle et tais-toi! » ou « Si t’es pas mariée à 30 ans, t’as raté ta vie! ». J’avais besoin de plus. J’avais besoin d’accomplissement.
Je suis une personne entière. Je vis au jour le jour, je prône le partage et l’éveil des consciences, mais surtout, la liberté d’être! Bref, je suis une grande gueule! 😀 J’aime rire aux éclats ! En général, tu sais que je suis à l’eau car tu m’entends de loin!
Comment es-tu venue au shape ?
Question un peu sensible car la réponse peut paraître un peu folle… En fait, j’ai eu une vision! ( ça me fait à chaque fois, penser à la fameuse phrase de Martin Luther King “I had a dream”! ). Après deux ans comme commerciale dans une boîte d’équipementiers en Escalade et Sauvetage en Montagne, j’ai vite compris que travailler plus pour gagner plus, c’était surtout surfer moins! Mais restait la question de payer son loyer… Du coup, j’ai pris un boulot de femme de ménage qui me permettait d’avoir toutes mes après-midi de libres! Mais, là encore, ma condition d’agent d’entretien s’est avérée trop lourde à porter. J’étais en mode « survie ». Un jour, en passant la serpillère, j’ai eu cette vision où je me voyais shaper. J’ai mis un an pour transformer ce fantasme à l’état de vrai objectif! Puis, 8 mois pour acquérir mon matériel et construire un premier rack. Aujourd’hui, cela fait presque deux ans que je me forme.
Est-ce que tu suis une formation spéciale ?
J’ai passé deux semaines dans l’atelier de Guilhem Rainfray de Guéthary Surfboards et quelques heures de « Watch and Learn » chez Johan Leconte de Clean Cut Surfboards.
Sous les conseils de Johan, j’ai téléchargé « Shaping 101 » de John Carter qui t’explique comment shaper. J’ai aussi investi dans quelques bibles sur l’art du shape et des milliers
d’heures sur Youtube! Mais la meilleure des formations, c’est l’erreur! Et bien sûr la pratique, la pratique, la pratique… Aller tester ces oeuvres et recommencer!
Au vu du prix des blanks et de la résine, sois tu apprends vite, sois tu fermes boutique! 😉 Bien sûr si j’avais eu le budget, je me serai évité pleins de désagréments en prenant des
cours chez Blank Surf Shack ou à la Shaper House! 😉
Quel type de planches shapes-tu, combien de planches sors-tu par an ?
Je shape de tout. En tout cas, je voudrais shaper de tout! Je suis au tout début de mon aventure. J’ai réalisé 7 planches en 8 mois et en ai vendu 3, c’est déjà incroyable! Il y a un vrai partage avec les gens qui passent le pas pour me rencontrer et parler de leur futur projet de planche! Au départ je pensais que c’était dû au fait que je pratiquais de tout petits prix ou par curiosité. Mais c’est plus que ça! C’est, aussi, une volonté de participer à cette émergence d’entreprises locales. Le choix d’un retour vers l’artisanat plutôt que de choisir un bien sorti de l’industrialisation de masse.
Comment est-ce d’être une femme et entrepreneuse, dans le milieu très masculin du surf ?
Pour l’instant, je ne me plains pas! C’est comme dans la vie, il y a des méchants et des gentils! Plus sérieusement, on m’a toujours grand ouvert les portes! Après, je ne suis pas trop tournée vers l’extérieur, mais de manière générale je trouve les gens vraiment bienveillants, à moins que ce ne soit moi qui ai des bisounours pleins les yeux? 🙂
Short questions :
Ton quiver parfait ? 9’2 Noserider / 6’2 ‘go to’ / 8’6 Glider
Ton spot préféré ? Parlementia
Plutôt session du matin ou du soir ? Matin
Une destination où tu aimerais aller ? Hawaii
Une source d’inspiration ? Matt Kinoshita de Kazuma surfboards pour le shape et toutes les femmes qui ont su briser les barrières, Valérie Duprat de Meremaid Surfboards, Bethany Hamilton qui a surfé Jaws malgré son handicap, Keala Kennelly qui est juste un monument, une machine du surf de Gros, Anne-flore Marxer pour son combat pour plus d’égalité dans les prizes money en snowboard et surtout à tous ces anonymes qui font des trucs de dingues tous les jours en toute humilité!
Aloha <3 – J.
Pour suivre Jawel et découvrir ses boards, rendez-vous sur :
Facebook : https://www.facebook.com/Wildcatsurf/
Instagram : https://www.instagram.com/wildcat_surfboard/
Site web : https://wildcatsurfboards.wordpress.com/
1 Comment
Le shape, y’a pas de mystère: une fois les bases acquises, la différence se fait sur le nombre de planches qu’on a fait. Pour ça, il faut que des gens vous fassent confiance. Allez discuter avec Jawell, les filles. (Les mecs aussi, ça ne peut pas vous faire de mal…)