Surfer et voyager plus éco responsable, est-ce possible?

Posted: December 12, 2019 by Clémentine

Alors que la prise de conscience face à l’urgence climatique s’intensifie, la communauté surf s’emploie elle aussi à faire bouger les choses: en descendant dans la rue avec les autres citoyens, ou en “ramant pour la planète” une fois par mois. Malgré l’image “nature” qu’on veut nous en donner, le surf est en réalité une activité avec un fort impact négatif sur l’environnement. Est-ce qu’on ne pourrait pas faire plus au quotidien?

On le sait : les matériaux utilisés pour la fabrication du matériel de surf (planches, combinaison, accessoires) sont bien souvent composés de produits issus de la pétrochimie. Les vêtements produits par les grandes marques de surf sont également en cause, puisque l’industrie textile est un pollueur majeur, et le deuxième pollueur d’eau au monde en ce qui concerne la teinture des textiles selon le rapport de la Fondation Ellen MacArthur.

Outre l’aspect matériel, le surf est aussi étroitement lié au voyage, que ce soit sur le spot à 10 kms de chez soi ou à l’autre bout du monde. Chaque session est un mini voyage en soi, avec ses déplacements et sa production inévitable de déchets et de C02. Comment réduire au maximum son impact en partant en surftrip et dans sa pratique quotidienne? Voici quelques pistes qui peuvent être utiles pour limiter les dégâts. Toutefois la liste ne se veux ni révolutionnaire ni exhaustive, et il existe sans aucun doute bien d’autres astuces pour s’inscrire dans une démarche surf un peu plus éco-responsable. 

Transport

Autant que possible, l’idéal serait d’éviter l’avion surtout pour des trajets nationaux qui peuvent êtres remplacés par un autre mode de transport. Bien sûr pour partir à l’autre bout du globe, opter pour la version cargo qui dure 60 jours de voyage et grille votre solde de congés pour les 3 ans à venir est inutile en tout points et inefficace en termes de réduction de l’empreinte carbone.

Si vous n’avez d’autre choix que de prendre l’avion, il est possible de réduire sont impact en suivant ces quelques règles :

  • Diminuer le poids de votre boardbag en emportant le strict minimum.
  • Ne pas consommer les plateaux repas servis dans les avions, qui sont remplis de plats aussi fades et inintéressant d’un point de vue nutritionnel que leurs emballages sont nombreux. Si si c’est possible, emportez avec vous sandwich fait maison dans votre tupperware (contenu non sponsorisé, sorry guys je n’organise pas de soirée tupperware à la maison) ainsi que des petits snacks pour la suite du voyage. Evidemment lorsque l’on part pour 20h de voyage c’est compliqué d’amener tout le nécessaire, mais remplacer deux repas est largement faisable. C’est aussi meilleur pour le corps, et on récupère mieux à la sorite de l’avion en ayant mangé plus sainement. (on consomme moins de sucre et de sel, on est moins gonflé…)
  • Idem pour tous les goodies à disposition : les écouteurs emballés dans du plastique, les chaussons emballés dans du plastique, les masques de sommeil emballés dans du plastique, la couverture emballée dans du…Bon ça va là! Prenez vos écouteurs et votre plaid fait par mamie et basta!

Pour avoir une idée des dégâts en matière de C02 de votre trip aux Mentawais, vous pouvez calculer les émissions de votre trajet en utilisant un calculateur en ligne comme celui de Climat Mundi. (calcul du nombre de canettes de Bintang descendues durant vos 12 jours sur le bateau non pris en compte).

La SNCF propose aussi de calculer les émissions de C02 des différents modes de transport avec les taux d’émission moyens / km. A vos calculettes!

Idée de plateau repas fait maison. ça ne vous tente pas plus qu’un poulet bouilli et une panacotta gélatineuse d’Air France?

 

 

En voiture, à vélo, en trottinette

Covoiturage, véhicules plus propres, roadtrip à vélo, secret session en trottinette, tous les moyens sont bons pour se déplacer et éviter de prendre sa voiture seul inutilement pour aller surfer. N’y voyez pas non plus une incitation à débarquer à 15 sur le spot !

Expédition à vélo de Lee Ann Curren, Kepa Acero, Mike Lay et Colin McLeod. Headwinds Haters. photo : @Chris McClean

 

Voyager moins loin

Je sais, les vagues marrons et glaciales de la Charente au mois de janvier font moins rêver que des barrels translucides en Indonésie. Mais vous pourriez être surpris du potentiel parfois oublié des régions ou pays situés à quelques heures de chez vous. Pour tomber juste, il faut étudier les cartes et connaitre les spots appropriés, mais le jeu en vaut le barrel.

Ainsi, avec un peu de curiosité et d’organisation, on peut très bien trouver de petits joyaux sur toute la côte atlantique, et partir pour un weekend dépaysant façon galettes-saucisses en Bretagne ou mogette-brioche en Vendée le temps d’un weekend, voire explorer l’Irlande ou l’Espagne pour un séjour prolongé.

De même, avec un peu de curiosité et d’organisation, on peut très bien trouver de petits joyaux sur toute la côte atlantique, et partir pour un weekend dépaysant façon galettes-saucisses en Bretagne ou mogettes-brioche en Vendée.

Un spot pas terrible de la côte vendéenne – photo : @ etewehaut

 

Planches de surf

  • Pour les planches, plus d’excuses avec l’offre qui s’étoffe chaque jour sur le marché et le nombres de sites sur lesquels acheter du matériel de seconde main. Leboncoin est votre meilleur allié. Pensez également aux surf brocantes organisées par les surf clubs, aux magasins spécialisés dans le matériel d’occasion, ou aux groupes de type “vide-quiver” sur les réseaux sociaux.
  • Réparer son matos : oui le ducktape c’est la base ! Et si le scotch en suffit pas, les kits de réparation peuvent faire l’affaire, ou un passage chez son réparateur préféré et le tour est joué!
  • On a aussi tous un copain ou une copine dont le garage est rempli de boards non utilisées : pourquoi ne pas s’arranger avec lui/elle pour en tester une ou deux avant d’acheter sa prochaine planche? Cela permet d’éviter les achats ratés, et de mieux évaluer ses besoins et ses goûts en matière de shape.
  • Si avoir un shape tout neuf est pour vous indispensable (et on vous comprend!), Notox est l’un des pionniers dans la production de surfs 100% lin, made in France, une bonne alternative aux planches classiques. Ils proposent également des planches en liège, et ont largement étendu leur gamme.
  • De même que pour les vêtements, on peut imaginer qu’une planche qui coûte 250€ et vient de l’autre bout du monde n’a pas été fabriquée dans des conditions optimales de travail pour son shapeur/glasseur. S’engager pour un surf plus vert et vertueux passe aussi par une attention un peu plus poussée sur la provenance de ce que l’on achète. Boire des jus bio c’est bien, mais commander en plus une board chez son shapeur local c’est mieux ! => production locale + moins de transport + travail rémunéré à sa juste valeur + planche 100% sur mesure = surfeur (et artisan shapeur) heureux !
planche en lin de la marque Notox – photo : @ Notox

 

Néoprène

  • Que vous partiez au chaud ou au froid, acheter d’occasion est, encore une fois, une bonne option : chaussons de reef ou cagoule sont des accessoires qu’on peut facilement acheter à quelqu’un sans prendre trop de risques.
  • Si vous devez acheter neuf, pourquoi ne pas se tourner vers des marques qui limitent voire éliminent complètement les produits dérivés de la pétrochimie de leurs combinaisons : Patagonia, Picture Organic, Seea, Kassia+surf… Attention toutefois au greenwashing, tout ce qui est étiqueté “green” ne l’est pas forcément.
  • N’hésitez pas à donner vos combinaisons lorsque vous ne vous en servez plus : elles ne sont peut-être plus à votre goût, mais feront le bonheur de quelqu’un ayant un petit budget ou qui débute.
Springsuit Picture Organic – photo : @ Picture

 

Jamais sans ta gourde

Une gourde en acier inoxydable et hop, fini les bouteilles en plastique et les packs d’eau qui remplissent inutilement le coffre de ton break. Il en existe de toutes sortes, des plus design aux plus colorées, et pour ça nul besoin de dépenser des fortunes pour avoir la même qu’Alana B. A la maison nous en avons deux : une de 24 Bottles et une de chez Décathlon, mais de nombreuses autres options existent.

24 Bottles

 

La dalle d’après session : on mise sur les produits locaux 

Acheter du frais au jour le jour, du bio, en tout cas des aliments aussi peu transformés que possible. En trip on peut faire des miracles avec un réchaud et une casserole, tout est une question d’organisation et d’imagination ! Idem pour les goûters à emporter après la session, on évite le plastique à tout prix et on refuse gobelets et couverts. Mieux, on prépare à la maison de quoi se rassasier, comme un banana bread et un thermos de thé. Niveau vaisselle, il suffit d’avoir dans sa voiture un couteau multifonctions comme celui-ci par exemple et un mug. De nombreuses options existent, il suffit de fouiller un peu sur internet ou de faire un tour dans un magasin de randonnée. Dans tous les cas il va falloir prendre le pli car la vaisselle jetable sera interdite en 2020.

 

Et toujours :

>> En remontant de la session, on ramasse les déchets sur son passage, les siens et puis ceux des autres aussi s’ils ont été assez idiots pour les laisser traîner.

>> Ami fumeur : jette ton mégot dans un cendrier, une poubelle, où tu veux mais pas sur la plage, ni dans la rue car ça finira toujours dans l’eau. C’est la base. (Et pour rappel 1 mégot dans l’océan pollue 500L d’eau.)

>> On prolonge la durée de vie de son matériel au maximum, on répare sa combi ou sa board.

>> On emprunte les chemins balisés et on ne marche pas sur la dune… Moi aussi je déteste marcher dans le sable mais tant pis, ça fait les fessiers et tu pourras sécher ta séance de crossfit pour la peine.

Le surf est donc loin d’être l’activité la moins impactante qui existe, toutefois rien ne sert de s’autoflageller. Des petits gestes, même imparfaits, sont déjà bénéfiques.

 

If ducktape can’t fix it, you’re not using enough ducktape

Crédit photo entête: Imani Wilmot

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